Chemin de Saint-Mathieu, Bernex
Dans la trouée aménagée dans la haie de saules qui court le long de la route de Pré-Marais, seule une boîte aux lettres attire l’attention. Les troncs servent d’appui pour attacher les vélos. Le chemin mène à une clairière d’où l’on reconnaît à peine les constructions dispersées aux alentours. La chaîne du Jura, elle, est très identifiable.
Au premier abord, l’endroit ressemble à une simple prairie mais, après un examen plus approfondi, on remarque de sensibles différences dans la composition des graminées et des herbes. Sur le pourtour, contrairement aux apparences, les buissons à l’état sauvage ne sont pas, en vérité, laissés à l’abandon. Ce qui apparaît comme un bout de nature intact est, en fait, le reste d’une ancienne décharge laissée en friche en bordure de ville. Le bâtiment industriel adjacent rappelle, vu sous un certain angle, un temple des montagnes siciliennes: idylle de vacances devant la porte de la maison.
Au petit matin, une boulangerie voisine apporte, près du bassin d’eau, du pain sec pour les oiseaux. Leur gazouillis couvre le bruit de l’autoroute qui évoque, de loin, le ruissellement d’une rivière.
Au bout, une pergola faite de branches de saules offre un ombrage ainsi qu’un banc d’où l’on découvre une vue d’ensemble de la mise en scène. Près du banc, une caisse de livres, bibliothèque de jardin, propose des ouvrages sur l’histoire des jardins et leurs secrets, sur leur aménagement, sur les sentiments et les aventures qu’ils suscitent. On peut les emmener. Il suffit ensuite de les renvoyer par la poste en y joignant, si on le désire, ses propres livres. Le facteur les mettra dans la boîte aux lettres de la rue voisine. L’adresse: Idylle Saint-Matthieu, route de Pré-Marais, 1233 Bernex. Peu à peu, le contenu de la bibliothèque, visiblement, se transforme, tout comme l’ancienne friche dont la vision se fait de plus en plus idyllique.
A travers la lecture de livres sur le thème du jardin, grâce à la visite du lieu mais aussi par le biais de la photographie, la représentation évolue en un processus qui transcende la simple perception de l’endroit. Des histoires se créent qui peuvent permettre d’établir une identité entre extérieur et intérieur.
Les auteurs
Guido Hager né le 24 janvier 1958 à Schänis, Saint-Gall. Etudes d’architecture du paysage à la Haute école de Rapperswil, formations de jardinier-paysagiste et de fleuriste. Crée en 2000 l’agence d’architecture du paysage Hager Partner AG, avec filiale à Berlin Projets: entre autres, parc de l’Elfenau à Berne, parc Rudolf-Bednar à Vienne, Autriche, Maison Béatrice von Wattenwyl à Berne, entretien de l’arboretum de Zurich.
Elise Matter née le 11 novembre 1980 à Strasbourg. Etudes d’architecture à Munich et à la TECOMAH (Ecole de l’environnement et du cadre de vie) à Jouy-en-Josas, France. Chaire d’architecture du paysage et de planification à l’Université technique de Munich en 2007-2008. Depuis 2011, partenaire de Hager Partner, Zurich. Projets: Bundesplatz Zoug, MEP (projet lauréat) Hôpital de l’enfance à Lausanne, Ecole cantonale de Sargans, etc.
Barbara Piatti née en 1973, docteur en philologie allemande, spécialiste en littérature et communication, cheffe de groupe de recherche du projet Un atlas littéraire d’Europe à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, auteur de plusieurs livres.
Marc Schwarz cinéaste, né en 1967 en Suisse. Etudes d’architecture à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et à l’Université technique de Graz. Cinéaste (nombreux projets de films et présentations à Lucerne, Zurich, Lausanne, Berlin, New York, etc.). En 2004, cofondateur de schwarzpictures.com, studio de cinéma sur l’architecture, l’architecture du paysage et l’art.
Ce que Guido Hager en dit
Je suis tombé petit garçon déjà dans le chaudron de l’aménagement des jardins. Aujourd’hui, en ma qualité d’architecte-paysagiste, je cherche une réponse conceptuelle aux données du maître de l’ouvrage, par une interprétation créative en relation avec l’utilisation du lieu, l’écologie, la situation locale et le financement. Ma plus grande passion: créer un jardin enclos (hortus conclusus) à partir d’un non-lieu et avec un minimum d’intervention. J’ai été amené à participer à Genève, villes et champs car ce genre de manifestation sert à amener les gens dans des lieux retranchés de la ville, afin d’en changer leur vision et les leur faire aimer. Il y a partout de beaux endroits. Il faut juste savoir les «lire». De là est venue l’idée d’apporter des livres dans « Paradis de lecture », car ils contiennent la connaissance des jardins. Le public peut mieux les apprécier lorsqu’il connaît le sujet. Je pense qu’il faudrait absolument multiplier les manifestations du genre Genève, villes et champs.
Liste des plantes
Saule – Salix viminalis
Mise en œuvre
Jacquet SA, jardins, pépinières
Soutiens
Entreprise Jacquet SA
Boulangerie Confi-Choc
Liens utiles
Hager Partner (Guido Hager, Elise Matter)
Marc Schwarz
Barbara Piatti
Agenda
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