Stand de tir, Bernex
Le bourg de Bernex grandit et son stand de tir finira par jouxter le bâti et changer d’affectation. Pour l’instant cependant, le petit parc sur son ouest est noyé dans un paysage agreste. Il subsistera lorsque les grues et les chantiers l’emprisonneront mais devra, dès lors, impérativement afficher ses qualités profondes d’espace vert urbain: prairie entretenue, chênes nobles, bancs, barbecue, vue spectaculaire sur le paysage alentour.
Afin de souligner les qualités inhérentes de ce trésor, cette installation de Genève, ville et champs l’extrait aujourd’hui déjà de son futur environnement urbain par une protection symbolique, comme si cet endroit constituait le premier élément achevé du futur quartier. Le geste signale un environnement en profonde modification, tandis que le parc reste préservé. En cours de manifestation, il est progressivement fermé par une haute barrière en bois, privée de porte mais trouée de mini-ouvertures permettant de guigner vers un monde caché. Cette structure est bien connue pour entourer les chantiers des zones urbaines en développement. Mais le côté extérieur de la barrière est tourné vers l’intérieur, suggérant que l’observateur se tient au milieu des travaux et que le parc reste à l’extérieur.
Enclore l’endroit accroît sa valeur et ses qualités, le place sous un éclairage nouveau et éveille la tentation de pénétrer dans ce jardin fermé. Vers la fin de Genève, ville et champs, une entrée sera percée et les visiteurs pourront pénétrer dans cet hortus conclusus. Ce sera le signal symbolique de la mutation à venir du quartier.
Les auteurs
André Schmid né en 1962 à Bâle. Diplôme d’architecte-paysagiste de la Haute école de Rapperswil et de biologie (géobotanique) de l’Université de Berne. Directeur de Schmid Landschaftsarchitekten, Zurich (architecture du paysage et design urbain).
Johannes Heine architecte-paysagiste et jardinier, collaborateur de Schmid Landschaftsarchitekten
Ramon Subirà architecte, collaborateur de Schmid Landschaftsarchitekten

André Schmid, premier rang, deuxième depuis la droite
Johannes Heine, premier rang, deuxième depuis la gauche
Ramon Subirà, premier rang, premier depuis la droite
Ce qu’André Schmid en dit
La collision entre les divers espaces urbains me passionne depuis le début de ma carrière; au départ avec une forte préoccupation botanique, petit à petit flanquée d’une recherche sur les aspects sociaux et culturels du concept de jardin. Ce lieu de l’entre-deux, parfois nommé terrain vague, lorsqu’il est situé entre la ville et la campagne, recèle un énorme potentiel de transformation. Les plantes adventices – les «mauves herbes» – ou immigrées y trouvent leur optimum. Par potentiel, j’entends l’attention que l’on accorde à ces territoires marginaux dès qu’ils sont pris dans un processus d’urbanisation. Genève, ville et champs donne aux auteurs des installations la chance de construire des mondes provisoires de l’entre-deux, qui offrent au public une vision de réalités nouvelles.
Liste des plantes
Marronnier commun – Aesculus hippocastanum
Bouleau verruqueux – Betula pendula
Mélèze d’Europe – Larix decidua
Epicéa commun – Picea abies
Cerisier des oiseaux – Prunus avium
Chêne pédonculé – Quercus robur
Mise en œuvre
Mamajah, écoconstruction
Lien utile
Schmid Landschaftsarchitekten
Agenda
11 juin-4 juillet : construction de la barrière qui a progressivement fermé le lieu.
22 septembre : grande fête populaire des traditionnelles Brochettes de Bernésiens : les villageois fabriquent des brochettes avec de la viande des producteurs locaux avant de les griller sur un barbecue géant.