Pont des Grandes-Communes, Petit- Lancy
Comment cultiver en milieu urbain, sans terre aucune? Sur la rampe du pont, site dur et minéral, est placée une installation mécanique, presque industrielle. Il ne s’agit pas d’une simple machine mais d’un lieu de culture d’organismes. Le système de tubes dans lequel circule le liquide verdâtre est, en fait, un photobioréacteur pour la culture d’algues en milieu clos. Il utilise les deux ressources qui abondent sur ce site: la lumière du soleil et le gaz CO2 (dioxyde de carbone). Les algues peuvent servir de filtre à air, de producteur d’oxygène, de producteur de combustible ou encore de producteur de matière première pour des produits divers. Le bioréacteur signale des pratiques d’avenir: la production alimentaire en milieu urbain, la conservation des espaces verts et la réinterprétation des infrastructures.
Les auteurs
The Cloud Collective architecture, urbanisme, Chamonix, FR/Amsterdam, NL
Ingrid van der Heijden née en 1968, architecte, master of science (architecture, building & planning) de la Technische Universiteit Eindhoven (Pays-Bas)
Joris Lipsch né en 1983, architecte, master of science (architecture, building & planning) de la Technische Universiteit Eindhoven (Pays-Bas)
Floriane Pic née en 1985, master of science and master of art (art direction, graphic design et multimédia) de la Winthrop University, Rockhill, SC, USA, et ECV, Paris
René van Poppel né en 1982, architecte, master of science (architecture, building & planning) de la Technische Universiteit Eindhoven (Pays-Bas)

De gauche à droite: Joris Lipsch, Ingrid van der Heijden, René van Poppel, Floriane Pic
The Cloud Collective est issu de la rencontre de ses membre fondateurs à la faculté d’architecture de la Technische Universiteit de Eindhoven (Pays-Bas) en 2011. Aujourd’hui, Il réunit dix personnes, architectes, urbanistes, designers et graphistes. Il se transforme et s’adapte en vue de répondre à un vaste champ de thématiques et de projets.
En effet, la pensée selon laquelle l’architecture repose sur une seule personne, un génie singulier, est enracinée dans l’imaginaire populaire comme une idée nostalgique. Les vraies problématiques actuelles sont beaucoup trop complexes pour être abordées de cette manière. Simplifier notre réalité ne permettra jamais de trouver des solutions. Un seul généraliste ne peut rassembler la totalité des connaissances et compétences requises.
The Cloud Collective révolutionne ainsi l’idée du penseur solitaire flanqué de collaborations fugitives par la formation d’un collectif durable et interdisciplinaire, fait de concepteurs qui travaillent depuis toute l’Europe. Chaque membre excelle dans une compétence particulière – du planning urbain au graphisme – et utilise son savoir pour former des équipes spécifiques par projet.
En dehors des liens économiques et administratifs, la force du réseau repose aussi sur une loyauté et une idéologie partagées: nous croyons à l’intégration de la complexité et à la valeur ajoutée des alliances. Tous nos projets, qu’il s’agisse de la recherche ou du design, sont les résultats d’une réunion d’experts et de leur expertise, de métiers et de leur maîtrise.
Ce qu’ils en disent
Nous avons décidé de participer à Genève, villes et champs en raison de la pertinence de sa thématique et de son ambition. L’étalement urbain et la réintégration de la nature dans le tissu urbain sont des sujets très importants dans l’approche urbaine de nos villes actuelles. En abordant ces deux thématiques dans un seul et unique festival, cette manifestation, par le choix de ses intervenants, apporte des réponses potentielles aux développements à la fois urbains, écologiques, architecturaux et sociaux.
A la frontière entre ces quatre thématiques, nous avons volontairement répondu par la construction d’une installation sur le site le plus ambigu et complexe que nous pouvions choisir, surtout lorsque l’on pense à un festival de paysage: le croisement d’un viaduc avec la route du Pont-Butin, un grand axe de circulation. Sur ce site dur, minéral et violent, la question du positionnement entre la ville et le paysage est particulièrement difficile. Un arrêt de bus sous un viaduc, entre des concessionnaires de voitures et des murs recouverts de graffitis, est difficilement qualifiable d’espace public urbain. Un champ de foot synthétique, entouré de grillages de huit mètres de haut et envahi de quelques plantes sauvages entre les fissures du bitume, est difficilement assimilable à notre notion de nature ou de champ.
Néanmoins, cet espace constitue une icône de l’urbanité actuelle: nos villes sont presque encloses dans ces zones industrielles et de passage et nous devons tous les fréquenter, même involontairement. Les milliers de passants et d’automobilistes empruntant la route du Pont-Butin présentent une réelle opportunité pour le site et le festival en terme du visibilité. Notre ambition était d’utiliser au maximum des structures existantes, afin de rendre notre intervention la plus légère possible.
En essayant de trouver une certaine poétique dans les stratifications du site, nous proposons une esthétique fonctionnelle et mécanique se confondant avec un environnement agressif, monofonctionnel et utilitaire. Néanmoins, il sera vite évident qu’il ne s’agit pas d’une simple machine mais d’un lieu de culture d’organismes dans un photobioréacteur. En dehors d’une production alimentaire et énergétique autarcique et illimitée, cette approche aborde le sujet de la durabilité. La culture d’algues en système clos peut être pratiquement indépendante de son environnement et de son milieu. Les deux seules conditions sont un ensoleillement direct et des émissions de CO2, deux éléments abondamment présents sur le site.
Le fait que les espaces constructibles et construits prennent de plus en plus le pas sur l’agriculture, en évinçant petit à petit celle-ci de la proche banlieue, met en avant l’avantage et le point fort de la culture d’algues puisque celle-ci peut se pratiquer dans des milieux bitumineux, en absence de terre fertile. Dans ce sens, nous abordons des aspects très importants de la manifestation Genève, villes et champs, ceux de la production alimentaire en milieu urbain, de la protection et conservation des terrains agricoles et des espaces verts, de la réinterprétation des infrastructures existantes.
La volonté du festival de rassembler des installations hétérogènes et diverses nous a beaucoup aidés en nous donnant la possibilité de réaliser ce projet quelque peu hors du commun. La particularité du site a fait de notre proposition une réponse très pertinente au regard la thématique du festival. Le fait que la fabrication des algues prenne de plus en plus d’importance et suscite de plus en plus d’intérêt chez le grand public motive les entreprises partenaires – et plus particulièrement le développeur de ce bioréacteur – à nous soutenir dans la construction de l’installation sur un site inattendu disposant d’une grande visibilité.
Nous pensons qu’une manifestation telle que Genève, villes et champs est une occasion unique d’aborder des thèmes importants concernant le développement de notre environnement urbain et naturel d’une façon accessible au grand public et libérée d’éventuels intérêts perturbateurs. Elle permet en outre d’initier de nouvelles expériences et d’impliquer les citoyens dans le développement de leur quotidien.
Liste des plantes
Algues unicellulaires – Chlorella sorokiniana
Mise en œuvre
Lgem Algae Production System In-Tech
Métallerie Richard & fils
Echafaudages Portier enseignes
Soutiens
Lgem Algae Production System
AMAG Automobiles & Moteurs SA
Liens utiles
The Cloud Collective
Photobioréacteur sur Wikipédia
Les algues, matière première du futur
Les micro-algues, pdf
Les algues comme biocarburant, pdf