Crise du logement: retour d’espoir

Des décennies durant, Genève la dynamique a vu les travailleurs affluer et les logements ne pas suffire. L’espoir revient aujourd’hui, grâce aux grands projets et à la liaison ferroviaire CEVA.

Le sommeil fut long, rien ne fonctionnait. Les projets des magistrats passaient systématiquement à la trappe. Les promoteurs immobiliers rechignaient à construire, dans les zones à loyers surveillés du moins; la population grondait ou fuyait sous d’autres cieux; les amoureux de la nature frissonnaient pour chaque buisson abattu. La Genève à hauts moyens financiers accaparait des logements hors de prix pour la classe moyenne. On voyait venir un «Monaco on lake Geneva».

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Pour chaque buisson abattu…(©F. Gilardi)

Au bout du Léman, c’est depuis des décennies que la production de logements n’arrive pas à suivre l’évolution démographique. La crise du logement a commencé à prendre des proportions intolérables dès 2003, lorsque le dynamisme économique du canton s’est mué en ruée vers l’or pour les salariés et les entreprises. La population s’est mise à augmenter plus rapidement que la production d’appartements. Les actifs «sans logis» se sont de plus en plus installés en France voisine d’abord, mais aussi jusqu’à Porrentruy et Sion. Les pendulaires ont commencé à engorger les transports publics et les routes.

Cent mille de plus bientôt?
Dans les zones réglementées, le taux de rénovation des logements est tombé au plus bas niveau suisse. Dans certaines communes, le prix du mètre carré de sol constructible du marché libre s’est mis à dépasser celui de la Côte d’or zurichoise. Le taux de vacance des habitations est tombé à 0,3% du parc immobilier alors qu’il doit être de 2% pour que chacun y trouve son compte. Economistes et démographes ont calculé que, dynamisme aidant, cent mille personnes supplémentaires pourraient s’installer dans le canton d’ici à 2030.

Comment profiter de ce dynamisme, tant envié par nombre de villes européennes en crise, sans sacrifier la beauté naturelle et la qualité de vie de Genève? Depuis quelque temps, l’espoir revient. Les citoyennes et citoyens, pris à la gorge, ont commencé à accepter de fournir de nouvelles surfaces à la construction, à l’exemple des Cherpines. Friches et zones industrielles s’ouvrent au logement. Les obstructions mollissent, les promoteurs immobiliers reviennent et les magistrats peuvent enfin proposer une planification de grande ampleur. Miracle, depuis 2012, le taux de production d’habitations nouvelles augmente.

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Bientôt 100’000 de plus? (©Gabee)

Grands projets
A l’échelle du canton, la dynamique renaissante se traduit, entre autres choses, par la conception des grands projets insérés dans le plan directeur. Il y a les dix projets prioritaires, à l’exemple du quadrilatère de Bernex ou de Praille Acacias Vernets (PAV), situés aux deux bouts de la manifestation Genève, ville et champs: d’un côté, 5’700 logements neufs dans un quartier à construire à proximité de la campagne et, de l’autre, environ 11’000 appartements, à terme, au cœur de la ville . Il y a les trois grands projets en cours de réalisation: dont La Chapelle-Les Sciers, 1’300 appartements, et Les Vergers, 1’070 logements. Mais aussi cinq grands projets à plus long terme. Au total, dix-huit zones en plein bouleversement et 50’000 appartements à venir jusqu’en 2030. Avec affectation mixte (habitations + activités économiques), création d’espaces verts et de zones de détente, écoles, transports publics et services urbains. Le tout en limitant le grignotage de la campagne tant que faire se peut et en encadrant une partie des loyers afin d’offrir un logement pour tous. Reliant plusieurs de ces nouveaux quartiers, CEVA (liaison ferroviaire Cornavin–Eaux-Vives–Annemasse) est en chantier. Autour des futures stations, les images des nouveaux logements et des espaces publics font découvrir des nouveaux pôles urbains à Chêne-Bourg, aux Eaux-Vives, au Bachet et à Pont-Rouge.

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Avec des espaces verts (©Gabee)

De la patience, il en faudra encore mais, au moins, le renouveau semble s’amorcer. Les CFF, qui sait, n’auront peut-être pas à surélever leurs wagons sur trois ou quatre étages. Ce qui, techniquement, ne se peut de toute manière. Alors, autant rajouter un étage à la ville, ce que Genève se prépare à faire.

 

Carole Lambelet
©Genève, villes et champs

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